Le vitrail du paquebot France (2017)

Micheline Loire vous présente l’un des 2 exemplaires du vitrail de la chapelle du paquebot France ainsi que sa maquette à l’échelle 1/1, des pièces d’exception intégrées à sa collection en 1978.

Cette verrière exceptionnelle de près de 12 m2 composée de 21 panneaux représentant « la tempête apaisée – Jésus marchant sur les flots » est signée Anne Carlu, 1961.

Pourquoi existe-il 2 exemplaires de cette verrière ?

Grâce à cette exposition évènement, percez les mystères de cette oeuvre monumentale. 

L' exposition

Vitrail réalisé pour la chapelle du Paquebot France 470 x 240 cm, 1961
Maquette à échelle 1/1 du vitrail du Paquebot France, Huile sur toile, 480 x 227 cm

DEVANT LE VITRAIL 

 

 Iconographie :

Le Christ au centre de la composition – 2 miracles

De sa main gauche (à notre droite) il apaise la tempête tout en conjurant les forces du mal : on voit des personnages descendant aux enfers…..

Sa main droite est levée, dans un geste de paix et de protection.

A gauche la mer est calmée, des oiseaux symbole de paix, le rayonnement divin, Saint Pierre marche sur l’eau répondant à l’appel du Christ :                               c’est le second miracle. Un ange descend du ciel et indique à Pierre le chemin du Christ (en rouge très clair).

Scènes  inspirées des Evangiles de Matthieu et de Marc.

 

 

Technique :

21 panneaux dont 7 en largeur et 3 en hauteur :                                               Environ 12 m² –  4.90m x 2.40 m.

Technique traditionnelle :                                                                                          Verres de couleur de 2 à 4 mm d’épaisseur sertis de plomb, soudures à l’étain.

Quelques particularités : 2 épaisseurs de verre pour la tête de Christ, des verres plaqués vert sur jaune, gravés à l’acide dans le corps du Christ,   de la peinture à la grisaille pour la tête de Saint Pierre.

Réalisation dans l’atelier de Max Ingrand passage Tenailles à Paris qui a notamment réalisé les vitraux de l’église de Rechèvres à Chartres.

 Les panneaux sont assemblés dans une armature en fer réalisée par la serrurerie Tempier au Bois Paris (Chartres).

Origine :

Dans les années 70, mon époux Jacques Loire et moi-même avons eu l’idée de créer un espace à Chartres, près de la cathédrale pour montrer aux visiteurs le savoir-faire des ateliers et proposer à la vente tout l’environnement du vitrail : livres, reproductions de vitraux, créations contemporaines, verre et outillage, objets de décoration en vitrail dont les lampes Tiffany ainsi des vitraux anciens du XIII au XXème siècle : La Galerie du Vitrail.                                                                                              

C’est dans le cadre de cette activité que j’ai acheté et que je continue d’acheter des vitraux dans toute la France mais parfois aussi en Belgique, Angleterre, en salle de vente, chez les antiquaires, les foires d’antiquité, les particuliers. Ils sont entreposés : les civils dans un atelier, les religieux dans un autre. Il est rare de les trouver en bon état et je fais appel aux ateliers Loire pour les restaurer.

J’ai actuellement  une collection de près de 2.000 pièces et j’ai dû en vendre autant.

 

Pendant de très nombreuses années je ne les photographiais pas. Puis mon fils Bruno Loire (dès 1986) a commencé à faire des diapos de certains vitraux que nous présentions dans un catalogue papier.  

ll y a 10 ans avec A. Lombard puis Laura (documentaliste aux ateliers) nous avons photographié et répertorié tous les vitraux civils de ma réserve. En novembre dernier avec Soline (la fille de Bruno) nous avons commencé à photographier les vitraux religieux et c’est ainsi que j’ai redécouvert ce vitrail.

 

 

Sa référence indiquait que je l’avait acheté en 1978 ainsi que sa maquette à échelle 1/1 par l’intermédiaire d’une acheteuse à l’Hôtel Drouot à Paris au cours de la vente de la succession Carlu – atelier Anne Carlu.                               

 

Le catalogue indiquait « vitrail de la chapelle du paquebot France exécuté en 1961. Actuellement démonté mais en parfait état de conservation ». Quelques temps plus tard mon fils Hervé Loire a découvert la maquette dans les ateliers.

 

J’ai fait de très nombreuses recherches pour connaitre le cheminement de ce vitrail auprès de conservateurs de Musées maritimes (Saint-Nazaire, Le Havre, Paris) et d’historiens d’art. En 1974, le France pour des raisons de rentabilité (concurrence du Boing) cesse son activité et est mis en vente. Aurait-il été déposé de la chapelle par l’armateur qui l’avait acheté en 1977 ? Cette hypothèse était vraisemblable et je l’ai retenue pendant un certain temps.

 

En mars dernier un mail de l’attaché de conservation du Musée d’art moderne du Havre m’informe  que le vitrail de la chapelle du France a été installé et inauguré en 2011 dans la chapelle des Pêcheurs norvégiens de Miami, ce qui est très plausible car le France devenu Norway était devenu un bateau de croisière dans les Caraïbes avec Miami pour port d’attache.

Il a donc été réalisé 2 vitraux d’après la maquette d’Anne Carlu.

DEVANT  LA MAQUETTE

 

Peinte par Anne Carlu en 1959 dans son atelier de Nice, comme en témoigne un article du Figaro, mais signée comme le vitrail « Anne Carlu 1961 ».

C’est une huile sur toile composée de 3 lés dont les dimensions sont très proches de celles du vitrail. Je l’ai achetée comme le vitrail en 1978 à Drouot .

Elle a servi à la réalisation des 2 vitraux.

Pourquoi 2 vitraux ?

 Je retiens 4 hypothèses : 

 

 

1 – Souhait de l’armateur d’en avoir un second en cas de détérioration.

2 – La réalisation du premier ne donnant pas satisfaction à l’artiste, un second a été exécuté

3 – Mauvaises dimensions du premier et obligation d’en faire un second. Correspondance avec Miami pour confirmer ou infirmer.

4 – Anne Carlu en a commandé un second aux Ateliers Max Ingrand mais pour quelle destination ?

Interview de Micheline Loire par l’Université du temps libre

La documentation

Histoire des vitraux du France

1959 : article de René Rousseau dans le Figaro décrivant sa visite à Anne Carlu travaillant dans son atelier de Nice sur la maquette du vitrail du France.

1960 : mise à l’eau du paquebot France à Saint Nazaire.

1960-61 : réalisation  des 2 vitraux dans l’atelier de Max Ingrand, passage Tenailles à Paris 14° signés Anne Carlu 1961.

1961 : mise en place d’un vitrail dans la chapelle du France.

1962 le 3 février : voyage inaugural du France vers les Etats Unis.

1962 : cahiers de la céramique et du verre et des arts du feu, n°25- article de Madeleine Gaume « Les Arts du feu dans la décoration, du paquebot France ».

1969 : décès de Max Ingrand.

1969-70 : fermeture de l’atelier de Max Ingrand.

1972 : décès d’Anne Carlu.

1974 : décision de désarmer le France.

1977 : achat du France par Akram Ojjeh, armateur saoudien.

1978 : vente à Drouot le 14 juin  de la succession Carlu-Atelier Anne Carlu et en particulier des 21 panneaux de vitraux et de la maquette grandeur du vitrail. Achat par Micheline Loire qui les entrepose sans prendre de photo.

1979 : achat du France par un armateur norvégien. Il devient un bateau de croisière le Norway.

1983 : vente par Loudmer pour le compte de la Compagnie GLE Transatlantique d’un certain nombre d’œuvres provenant du France.

2003 : explosion d’une chaudière du Norway dans le port de Miami.

2008 : déconstruction du France en baie d’Alang aux Indes.

2011 : exposition sur le France au Musée National de la Marine à Paris.

2011 : installation du vitrail de la chapelle du France dans l’église « Norvegian Seamen’s » à Miami, Floride, U.S.A.

2016 : première prise de vue du vitrail acheté en 1978  par  Micheline Loire.

Vue du vitrail à bord du paquebot France
Vue du vitrail en l'église norvégienne de Miami, U.S.A

Vidéo d’archive sur le Paquebot France